
Introduction
En 2026, l’industrie automobile canadienne traverse une phase de transformation sans précédent. L’objectif gouvernemental d’atteindre 100 % de ventes de véhicules zéro émission (ZEV) d’ici 2035 commence à produire des effets concrets. Depuis le 1er janvier 2026, 20 % des ventes de véhicules neufs au Canada doivent être électriques, hybrides rechargeables ou à hydrogène. Face à cette nouvelle réglementation, les constructeurs mondiaux s’activent pour élargir leur présence. Parmi eux, les marques françaises — historiquement absentes ou marginales au Canada — semblent prêtes à faire leur retour ou à s’y implanter pour la première fois, en misant sur l’électrification.










Pourquoi les marques françaises reviennent-elles sur le marché canadien ?
Historiquement, Renault, Peugeot et Citroën ont déjà tenté leur chance au Canada, mais sans succès durable. Toutefois, les conditions actuelles sont bien différentes :
- Demande croissante pour les véhicules électriques : Les ventes d’EV ont franchi le seuil des 10 % en 2024, et cette proportion continue de croître rapidement dans les provinces comme le Québec et la Colombie-Britannique.
- Appétit pour les marques européennes : Le public canadien, particulièrement en milieu urbain, est de plus en plus attiré par des alternatives européennes au trio nord-américain (Ford, GM, Stellantis).
- Accès plus facile via l’électrique : Les normes de sécurité nord-américaines sont plus faciles à respecter pour des plateformes électriques, ce qui réduit les coûts d’adaptation des modèles.
- Partenariats industriels : Des collaborations stratégiques entre constructeurs facilitent l’entrée sur de nouveaux marchés.
Le cas Renault : un retour envisagé au Canada
Le groupe Renault, via sa division 100 % électrique Ampere, a officiellement évoqué une potentielle expansion vers l’Amérique du Nord à partir de 2025, avec un intérêt particulier pour le marché canadien. Rien n’est encore confirmé, mais plusieurs signes sont à surveiller.
Modèles pressentis pour le marché canadien
- Renault Mégane E-Tech
- Type : Compacte électrique à hayon
- Autonomie : Environ 450 km (cycle WLTP, environ 400 km EPA)
- Positionnement : Concurrente de la Volkswagen ID.3 ou de la Chevrolet Bolt EUV
- Avantage : Design raffiné, très bon comportement routier, intérieur technologique
- Renault Scenic E-Tech
- Type : VUS familial 100 % électrique
- Autonomie : Jusqu’à 620 km WLTP
- Volume de coffre : Plus de 550 litres
- Cible : Familles recherchant un VUS urbain efficace sans compromis sur l’espace
- Renault R5 électrique
- Type : Sous-compacte urbaine rétro-futuriste
- Prix estimé en Europe : Moins de 30 000 €
- Avantage : Format idéal pour les grandes villes canadiennes comme Montréal, Toronto et Vancouver
Le groupe a également laissé entendre qu’il pourrait utiliser des usines partenaires en Amérique du Nord pour l’assemblage, évitant ainsi les frais de douane.
Alpine : lancement canadien confirmé pour 2026
En juin 2025, Alpine, la marque sportive du groupe Renault, a officiellement annoncé son arrivée au Canada en tant que marché d’introduction nord-américain. L’objectif est clair : tester les modèles dans un environnement ouvert à la nouveauté, notamment au Québec où la culture automobile européenne est bien implantée.
Modèle confirmé : Alpine A390
- Segment : VUS compact électrique haut de gamme
- Plateforme : Partagée avec Lotus (LEVA architecture)
- Puissance : Environ 470 chevaux
- Transmission : Intégrale
- Accélération 0-100 km/h : Moins de 4 secondes
- Autonomie : 450 à 500 km estimés
- Lancement : Deuxième moitié de 2026
Alpine prévoit également d’ouvrir des concessions pilotes dans des villes comme Montréal, Laval et Vancouver, avec service après-vente local et programme de personnalisation.
Peugeot et Citroën : retour conditionnel par Stellantis
Les marques Peugeot et Citroën, aujourd’hui regroupées sous Stellantis, n’ont pas encore annoncé de retour officiel au Canada. Toutefois, plusieurs sources industrielles confirment que Stellantis envisage un retour uniquement avec des modèles 100 % électriques, pour éviter de concurrencer ses marques américaines (Chrysler, Dodge, Jeep, RAM).
Modèles envisagés :
- Peugeot e-3008
Un VUS compact redessiné en 2023 avec une autonomie annoncée de 700 km en cycle WLTP. Il se positionne comme un concurrent direct du Hyundai Ioniq 5 et du Tesla Model Y. - Citroën ë-C4 X
Une berline-crossover de taille intermédiaire, axée sur le confort de roulage, un point fort de Citroën. Idéale pour les longs trajets autoroutiers, elle pourrait séduire les familles canadiennes.
Stellantis pourrait utiliser son usine d’assemblage de Windsor (Ontario) ou celle de Belvidere (Illinois) pour produire ces modèles si l’introduction est confirmée.
Où ces véhicules seront-ils les plus populaires au Canada ?
1. Québec
Le Québec est de loin le chef de file en matière d’adoption de véhicules électriques, avec plus de 50 % des immatriculations canadiennes de ZEV. L’environnement francophone, les incitatifs provinciaux généreux et l’infrastructure de recharge très développée rendent cette province incontournable pour les marques françaises.
2. Colombie-Britannique
Deuxième province la plus avancée dans l’électrification, elle offre une population urbaine éduquée, soucieuse de l’environnement et ouverte aux innovations européennes.
3. Ontario
Bien que l’Ontario ait réduit ses incitatifs EV il y a quelques années, sa population importante, son poids économique et ses infrastructures de production en font une province stratégique pour toute marque souhaitant s’implanter durablement.
Défis à surmonter
- Normes techniques nord-américaines : Les marques devront adapter les configurations pour respecter les règles de Transport Canada.
- Infrastructure de distribution : Il faudra établir un réseau de vente et d’entretien, avec formation du personnel.
- Perception de la fiabilité : Les marques absentes depuis des décennies devront regagner la confiance du public canadien.
- Concurrence forte : Tesla, Hyundai, Ford et GM ont déjà une longueur d’avance, tant sur la notoriété que sur la disponibilité.
Conclusion
Le retour des voitures électriques françaises au Canada en 2026 est plus qu’un simple projet commercial : il s’agit d’une réponse stratégique à la mutation du marché mondial de l’automobile. Grâce à des produits compétitifs, un savoir-faire technologique reconnu et une demande croissante pour des alternatives européennes, les constructeurs français ont une réelle opportunité de se réimplanter durablement au Canada.
Si les stratégies annoncées se concrétisent, le paysage automobile canadien pourrait bien changer d’accent — avec un soupçon de “voitures à la française”, version électrique.
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